Résumé La surexploitation des ressources naturelles, consécutive à un besoin accru en terres arables des populations locales, entraîne de graves dysfonctionnements dans le bio-fonctionnement du sol (carences minérales, stress salins, etc). Ce dysfonctionnement, aggravé par les aléas climatiques (sécheresse), nécessite la mise en oeuvre de stratégies d'ingénierie écologique permettant une réhabilitation des milieux dégradés via la restauration de services écologiques essentiels. Les premiers symptômes du processus d'altération de la qualité des sols des milieux tropicaux et méditerranéens se traduisent par une altération de la structure de la strate épigée avec, en particulier, une paupérisation de la diversité et de l'abondance des espèces végétales. Cette dégradation est accompagnée par une fragilisation des sols et une augmentation de l'impact de l'érosion sur la couche superficielle entraînant une baisse de la fertilité des sols au niveau de leurs caractéristiques physico-chimiques mais aussi biologiques (Ex : microflore tellurique). Parmi les composantes microbiennes particulièrement sensibles à ces phénomènes d'érosion, les microorganismes symbiotiques (rhizobia, champignons mycorhiziens) sont connus pour être des composantes clés dans le fonctionnement des principaux cycles biogéochimiques telluriques (C, N et P). De nombreux travaux ont montré l'importance de la gestion de ces microorganismes symbiotiques dans les stratégies de réhabilitation et de revégétalisation des milieux dégradés, mais également pour améliorer la productivité des agrosystèmes. En particulier, la sélection de symbiotes et leur inoculation en masse dans le sol de plantation ou de culture ont été fortement encouragées au cours de ces dernières décennies. Ces inoculants étaient sélectionnés non seulement pour leur impact sur la plante, mais également pour leur capacité à persister dans le sol au détriment de la microflore résiduelle native. La performance de cette technique était donc évaluée au niveau du couvert végétal, mais les répercussions au niveau des caractéristiques de la microflore tellurique étaient généralement ignorées. Le rôle de la diversité microbienne sur la productivité et la stabilité (résistance, capacité de résilience, etc) des éco- et agro-systèmes a été mis en évidence relativement récemment et a conduit à une remise en cause des bases conceptuelles de l'inoculation contrôlée dans la gestion durable des terres. Il a été notamment suggéré que les caractéristiques du milieu à réhabiliter devaient être prises en compte et plus particulièrement son niveau de dégradation par rapport au seuil de résilience écologique. Cette prise en compte devrait permettre d'optimiser les pratiques culturales pour soit (i) redonner à l'écosystème ses propriétés originelles dans le cas de milieux peu dégradés ou (ii) transformer un écosystème dans le cas de sols hautement dégradés (Ex : sols miniers). Dans ce chapitre, nous évoquerons, à travers différents exemples d'expérimentations réalisées en milieu tropical et méditerranéen, les performances des différentes stratégies de gestion du potentiel microbien des sols (inoculation d'espèces exotiques vs espèces natives, inoculation contrôlée vs gestion du potentiel microbien via la strate végétale épigée, etc) suivant le niveau de dégradation du milieu. Mots clés Désertification, symbiose microbienne, résilience écosystémique, érosion, fertilité des sols