L'utilisation d'essences forestières exotiques et plus particulièrement des arbres à croissance rapide (acacias, pins ou eucalyptus) a été fréquemment recommandée pour réhabiliter et restaurer à brève échéance des milieux dégradés suite à des événements naturels ou à des activités anthropiques. L'incidence sur l'environnement de l'introduction de ces espèces, parfois envahissantes, est surtout évaluée pour leur impact sur la biodiversité végétale et les caractéristiques physico-chimiques des sols, mais rarement en ce qui concerne la composition de la microflore. Les micro-organismes, et plus particulièrement les champignons mycorhiziens, jouent un rôle clé vis-à-vis des mécanismes biologiques régissant la fertilité chimique des sols et leur productivité, facteurs de stabilité des écosystèmes terrestres. L'approche retenue a été de décrire l'incidence de l'introduction d'essences exotiques sur les caractéristiques biologiques des sols, ainsi que les conséquences sur la reconstruction d'un couvert végétal composé par des espèces natives du milieu d'origine. Après avoir rappelé l'importance de l'utilisation des acacias à travers le monde, deux études réalisées au Sénégal et en Algérie ont permis de montrer que deux acacias australiens, Acacia holosericea et Acacia mearnsii, induisent de profondes modifications de la diversité fonctionnelle de la microflore du sol et aussi de la structure des microorganismes symbiotiques (champignons mycorhiziens et rhizobia). Ces acacias entraînent une inhibition de la croissance de deux espèces forestières natives, Faidherbia albida et Quercus suber. Les résultats confirment le besoin de cerner les processus biologiques liés aux actions d'introduction d'essences exotiques afin de moduler leur utilisation. Ainsi, cette connaissance préviendra les risques et assurera les performances des opérations de reboisement, notamment pour la réhabilitation des terrains dégradés. Mots-clés : espèce exotique, introduction, symbiose mycorhizienne, biofonctionnement du sol.